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Les chantiers bénévoles de restauration du patrimoine

Les défenseurs du patrimoine ont parfois des airs de Cassandre, à force de relayer que le patrimoine est fragile et qu’une grande partie de nos monuments tombent inexorablement en ruine. Déprimant ? Et pourtant, il est un formidable espoir pour le monde des monuments historiques : celui des chantiers bénévoles de restauration du patrimoine. Un secteur d’activité en plein développement, qui fourmille de merveilleuses initiatives, et dans lequel je vous propose de me suivre pour un petit tour d’horizon.

Rempart

Elle promeut les notions d’engagement, de transmission, de protection du patrimoine… Au fond, je partage beaucoup de valeurs avec l’association Rempart ! Mais connaissez-vous ce dont il s’agit ?

L’association Rempart naît en 1966. Ou plutôt, elle apparaît alors sous le nom de « ACS REMPART » : « Animateurs de Chantiers de Sauvegarde pour la Réhabilitation et l’Entretien des Monuments et du Patrimoine ARTistique ». Très vite, cette association organisatrice de chantiers bénévoles de restauration du patrimoine se dote d’une charte et se diffuse dans toute la France, puis à l’échelle internationale. Sur le territoire de la métropole, elle rassemble en fait 180 associations locales. L’association propose des chantiers bénévoles, mais aussi des activités pédagogiques et des activités d’insertion. Lavoirs, hameaux, châteaux, églises, protégés ou non au titre des monuments historiques, les monuments restaurés sont très variés également. Au total, ce sont chaque année près de 350 activités différentes qui sont proposées, en France ou à l’étranger, pour les petits (à partir de 8 ans!) et les grands.

© Rempart

Les chantiers de Rempart ont déjà donné lieu à de très beaux résultats : l’abbaye de Chelles (Seine-et-Marne), le bourg castral de Grignols (Gironde), le château de Dourdan (Essonne), le centre rural de Charly (Rhône)… Pour en avoir la liste exhaustive, je ne peux que vous conseiller de consulter leur base de données. Et sur le plan humain, saviez-vous qu’il était possible de passer son Bafa ou de se former professionnellement avec l’association ?

Patrimoine Arcade, une association au service des monuments…

« La jeunesse est l’espoir de notre avenir. », disait José Rizal. Rien de plus vrai avec Patrimoine Arcade ! Fondée en 2019 par Amaury Gomart, Augustin Latron et une poignée d’amis motivés, l’association a aujourd’hui bien grandi, jusqu’à pouvoir embaucher cette année sa première salariée. Arcade regroupe des jeunes de 18 à 30 ans qui donnent de leur temps et souvent de leurs vacances d’été pour aider les propriétaires de patrimoine bâti historique, par de grands chantiers bénévoles de restauration, à l’ambiance fort sympathique.

J’ai eu la chance de pouvoir poser quelques questions à Amaury, président de l’association. « Notre projet, depuis le début, est de mobiliser la jeunesse de France pour qu’elle se lève, et s’investisse dans les campagnes. Arcade mène son action suivant deux motivations : restaurer notre patrimoine, d’une part, et d’autre part, retisser du lien social avec les habitants locaux. C’est peut-être ce qui fait notre spécificité : nous considérons que le patrimoine est vivant, et que l’on ne peut pas séparer ces deux dimensions architecturale et humaine. »

Les activités sur les chantiers Arcade s’organisent donc en conjuguant ces deux volets :

  • La journée est dense, avec des travaux de débroussaillage et de bricolage, voire même de maçonnerie ou de charpente. Tous ces travaux techniques sont encadrés par un artisan qualifié, qui est la plupart du temps l’artisan local habitué à travailler sur le château ou le monument. « C’est de notre part, explique Amaury, une vraie volonté que de garder sur les chantiers une tranche d’âge entre 18 et 30 ans : nous voulons donner la possibilité, à un jeune qui passe son temps derrière son ordinateur pour ses études ou son travail, d’aller au contact de la pierre, du bois, de la terre. »
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© Patrimoine Arcade

… et du tissu social

  • Le chantier est aussi l’occasion de visites aux personnes âgées et de jeux avec les enfants du village. Par exemple, la restauration de l’église de Saint-Alban (Ain), fin août, s’est prolongée par une belle fête avec tous les villageois voisins. Une troupe de théâtre a aussi été montée au sein de l’association, avec déjà au compteur une représentation au château du Parc Soubise (Vendée), et une autre à l’abbaye de Clairmont (Mayenne). Cette troupe a bien pour vocation de se mettre au service de la dimension de lien social porté par l’association : en venant jouer sur les chantiers, elle tisse du lien, sensibilise le public dans un lieu de patrimoine, et fait de nouveau de celui-ci, qu’il soit une église, une abbatiale ou un château, un vecteur d’unité et de rencontre.

L’association mène toutes ces actions grâce à de belles valeurs de service gratuit, de travail, d’unité et de transmission. Amaury m’explique combien Arcade vise à recréer cette unité entre jeunes de différents milieux sociaux, entre ville et campagne, entre régions, entre générations. Restaurer le patrimoine est une formidable occasion pour atteindre ce but. Et le succès est au rendez-vous ! Outre les chantiers d’été, Arcade étend ses activités de mars à la Toussaint, et propose désormais des week-ends pour les jeunes pros. Depuis mars 2022, ce sont 12 chantiers qui ont pu avoir lieu, rassemblant total 280 jeunes bénévoles.

Propriétaires d’un lieu patrimonial, l’idée d’accueillir un chantier vous tente ? La démarche est toute simple puisqu’il suffit de remplir ce formulaire pour proposer sa candidature. Arcade contribue à la restauration de lieux publics ou privés, tant qu’ils possèdent un minimum de capacité d’accueil des bénévoles, et qu’ils portent un projet de bien commun et d’ouverture au public.

SOS Calvaires

Le calvaire de La Binetière à La-Chapelle-sur-Erdre (Loire-Altlantique), le calvaire du monastère de la Visitation à Tarascon (Bouches-du-Rhônes), La Croix Mesnier à Avoudrey (Doubs)… vous ne connaissez peut-être pas ces calvaires, et pourtant, eux vous connaissent sûrement. Ils ont déjà dû vous voir passer au détour d’un chemin, au carrefour d’une route. Sauf que ce patrimoine rural est en danger, par manque d’intérêt et d’entretien… L’association S.O.S. Calvaires, reconnue d’intérêt général, propose donc des chantiers participatifs pour les remettre en état. Le rythme est sans relâche : en moyenne, dix calvaires sont restaurés par mois.

Mais l’association est aussi pleine d’inventivité et crée une application pour permettre à tout un chacun de géolocaliser un calvaire à restaurer (une idée, peut-être, à reprendre pour d’autres types de patrimoine ?). Du plus petit crucifix, trouvé dans une brocante, à la plus grande croix de France (celle de Persac dans la Vienne, de 12 m de haut !), les bénévoles rénovent avec entrain ce petit patrimoine. Petit, certes, mais il a toute sa place dans le paysage français !

Alors, pensez-vous, comme moi, que ces initiatives de chantiers bénévoles sont un peu l’espoir du patrimoine français ? Illustration de Patrimoine décide également, pour 2023, de s’engager plus concrètement dans la restauration de nos monuments. Affaire à suivre !

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